JULIEN VERHAEGHE
Enseignant-chercheur
Esthétique, critique d’art,
Membre de l’ AICA
Commissaire d’exposition de la CEA
Julien Verhaeghe et Virginie Hucher
TEXTES
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Le corps chorégraphié
Le corps et l’autre
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Le corps chorégraphié (2019)
Les peintures que Virginie Hucher présente à la Galerie des jours de Lune prolongent une série enclenchée en 2014. Intitulée le Corps chorégraphié, celle-ci anticipe des recherches formelles autour du corps et de ses potentialités en développant une variété de configurations partiellement géométriques.
À cette occasion, le premier sentiment qui accompagne l’observation de ces peintures se rapporte à la tranquillité et à la stabilité. De toile en toile, différents motifs colorés habitent en effet les surfaces en figurant une sorte de mise à l’équilibre. Le nombre restreint de couleurs – généralement trois ou quatre – favorise les contrastes entre différentes composantes, de même que la répartition à peu près égale des masses colorées renforce une impression de cohésion. Il en résulte des compositions mélodieuses et proportionnées qui offrent à l’imagination la possibilité de spéculer sur ce qui est tout en invitant à la contemplation. Ici, des structures inachevées organisent des paysages désertés et mystérieux ; ailleurs, des motifs polygonaux dessinent des dispositions schématiques qui paraissent vues du dessus, comme s’il s’agissait d’une carte. Certaines fois, une masse sombre aux contours linéaires intervient dans la partie inférieure du tableau, de façon à enclencher un effet de volume ou de perspective. Articulée à une partie supérieure beaucoup plus pâle, elle se fait comparable à un socle pictural, affirmant du même coup cette idée de stabilité que l’on rencontre dans les arts statuaires. Du corps cependant, nulle trace, en tous les cas si on lui assigne une physionomie humaine.
C’est alors qu’il faut donner de l’importance au processus d’abstraction mis en œuvre par Virginie Hucher. Le corps en effet n’est pas absent, mais différent. Le voilà qui nourrit des recherches formelles où l’imitation, la ressemblance ou l’identification ne font guère sens. En premier lieu, car le rejet de l’anthropomorphisme précise une approche où le corps semble pris de stase, informe et inorganisé, comme s’il se situait encore à un stade embryonnaire. C’est ce qui lui donne la qualité de ce qui demeure potentiel et en puissance d’advenir. En second lieu, parce que les différentes compositions de Virginie Hucher témoignent constamment d’une réalité parcellaire : les masses colorées aux contours bien définis sont distinctes les unes des autres ; on serait ainsi tenté d’identifier plusieurs corps autonomes sur l’espace de la toile. Toutefois, en cohabitant les uns avec les autres de façon mesurée et harmonieuse, dans un rapport d’interdépendance, presqu’à la manière d’une danse chorégraphiée, ces corps finissent par composer un élan d’ensemble, un corps global qui possède la faculté d’être à la fois un et multiple.
Par conséquent, ces corps sont chorégraphiés non tant parce qu’ils s’inscrivent dans une sorte d’articulation allègre avec quelques-uns de leurs semblables, en reflétant des volutes tourbillonnaires et des pas bondissants, à la manière d’un ballet, mais parce qu’ils s’inscrivent dans une logique d’accomplissement autonome. Le corps chorégraphié, ici présent, danse en effet avec lui-même, un peu comme s’il éprouvait les vicissitudes de son être, de sa chair picturale, qu’il aspire à surmonter pour devenir un peu plus que ce qu’il est déjà. Aussi, dans le parcours de Virginie Hucher, ces Corps chorégraphiés décrivent sans doute une trame des plus essentielles, notamment parce que l’artiste élabore des recherches en parallèle, notamment avec la série intitulée Le Corps et l’autre qui, là aussi, postule à une énonciation picturale de ce qui anime les êtres, les rends désirants et parfois solitaires, avec pour nuance, toutefois, le fait de s’insérer dans un cadre beaucoup plus figuratif. On comprend, au final, que l’ensemble de la pratique de Virginie Hucher répond à une quête exploratoire polarisée par des objectifs éminemment picturaux, rappelant que le travail du peintre – qu’il soit abstrait ou figuratif – affirme un amour absolu pour les formes qui s’harmonisent et les teintes qui s’accordent, pour le sens de la vision en général, pour le sensible en particulier.
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Le corps et l’autre (2018)
I. Proximité
Des corps qui se contorsionnent, qui s’épousent ou s’opposent. Des regards qui se disjoignent ou qui se mirent l’un dans l’autre. Des gestes qui, eux, s’élancent et restent parfois suspendus, refusant le contact, au contraire de ces mains, de ces monceaux de chair, qui s’effleurent. Selon toute vraisemblance, une évocation de la proximité, à la manière de ces personnages qui vont à la rencontre de l’autre, en un motif irrésolu, comme si les intentions avaient été interrompues, coupées dans leur élan ou figées par une forme de réserve. Tout semble dériver, dans la pratique essentiellement picturale de Virginie Hucher, de cette attention singulière accordée à ces interactions discrètes et infinitésimales qui font que les êtres entrent mutuellement en résonance. De façon physique, bien évidemment, lorsque dans ces peintures les corps se soutiennent et se réconfortent, mais aussi à l’échelle d’une transmission imperceptible, un peu cérébrale ou spirituelle, quand les têtes s’inclinent, acquiescent ou dévient les regards croisés.
On perçoit alors, chez ces personnages qui tantôt se dévisagent, tantôt semblent pris de lassitude, comme s’ils avaient été sujets à quelque songe méditatif, une forme de lenteur. Ils donnent l’impression d’avoir pour dessein de perdurer dans un temps inachevé, de façon à consumer un travail intérieur qui pourtant s’écrit à l’aune d’une attention livrée à un autre. On devine des intentions abstraites, un écho, un désir peut-être, lequel ne parvient pas à surmonter ces incertitudes. Si on ne sait ce que peut le corps, ainsi que l’écrivit Spinoza, comme on ne sait davantage ce à quoi il aspire, dans sa quête essentielle de l’autre, le caractère indécis de ces échanges conforte, toutefois, une ambigüité profonde : la sensation que l’on enclenche chez son semblable répond, lorsqu’on le touche, à celle que l’on éprouve soi-même ; le corps affecte et en retour, est affecté, ce qui est manifeste dans le cas d’un contact physique, mais l’est tout autant, comme en fait l’hypothèse Virginie Hucher, lorsque la jonction est de nature immatérielle.
Ces peintures participent, au niveau des motifs et des figures, de la nécessité de mettre en relief une esthétique picturale qui aurait le corps pour fondement. On se rend compte, à mesure que l’on s’imprègne de cette ambivalence dans le toucher, que le corps n’agit jamais seul. À de nombreux égards, il n’a de consistance qu’en faisant la liaison avec une réalité mitoyenne : un autre semblable, un environnement contigu, ou d’autres atours. On pourrait ainsi dire du corps qu’il est un intermédiaire, une sorte de position, rappelant que pour se positionner, il est toujours nécessaire de disposer d’un point de repère. Ainsi, tout corps a besoin de l’autre, ce qui explique sans doute le dépouillement qui caractérise les personnages dépeints, eux qui se ressemblent tous excessivement et présentent des teintes blêmes, un peu spectrales, comme pour dire que ce qui incombe repose non tant sur la précision des traits que sur les intervalles et les effacements dans lesquels ils s’insèrent. En d’autres occasions, le corps apparait comprimé dans des structures partiellement géométriques ; ailleurs, il semble fragmenté par les contours de la toile, ce qui revient à asseoir un imaginaire du confinement, d’autant plus lorsque les fonds sont noirs, qu’ils contrastent avec les nuances blanchâtres des chairs et des habillements, de manière à produire une atmosphère lunaire. Aussi, les intervalles que dessinent et constituent ces corps invitent à la considération d’échanges invisibles, comme des souffles qui se murmurent ou des énergies qui se communiquent. Est-ce à dire que le corps serait une sorte de vecteur d’énergie ? Peut-être même en est-il une manifestation des plus pures ? S’il est bel et bien le motif essentiel des compositions de Virginie Hucher, le corps n’est corps qu’à partir du moment où il s’abandonne et se contredit, n’existant qu’en vertu de ses analogues, délaissant toute consistance pour devenir, en définitive, son propre contraire.
II. Archéologie
Les différents personnages dépeints par Virginie Hucher présentent des visages glabres et émaciés ; les expressions sont minimales, la blancheur et le geste, quelque peu hiératique, invite à la solennité. On serait tenté d’assimiler ces personnages à des statues anciennes dont on n’aurait conservé que la silhouette. Celles-ci ont abandonné lourdeur et compacité pour épargner une épure fantomale, comme une traîne ou une trace, afin de marquer une présence caressante plutôt qu’une masse imposante. Si les sculptures peuvent être perçues comme des corps immuables qui facilitent le toucher – donc une proximité immédiate avec la réalité – ici, leur nature picturale sollicite davantage l’examen de ce qu’elles soulèvent, en matière d’imaginaire ou dans leur force d’évocation. Les personnages de Virginie Hucher, en effet, semblent situés quelque part entre le réel et le fantastique. Les postures ne sont pas tout à fait réalistes ; les cous s’allongent et se tordent, les allures se font étonnamment filiformes. Ce relatif écart avec la réalité laisse à penser que ce que disent ces personnages ne renvoie pas exclusivement aux physionomies qu’ils épousent. Quelque chose se produit au-delà de la toile, défiant les apparences et les visibilités, invitant à ausculter des mondes intérieurs plutôt que des semblances, ainsi que le suggèrent ces yeux mi-clos, ces yeux qui se plissent lorsque l’on murmure quelque secret silencieux, en restituant des contenances un peu chancelantes et méditatives, comme prises de sommeil, appelant à une forme de recueillement.
Les compositions de Virginie Hucher possèdent une dimension archéologique en raison de cette proximité avec un art de la sculpture traditionnelle, avec le passé. Ces corps sans âge, en allusionnant des temps oubliés, semblent riches d’une mémoire qu’il importe de recouvrer. Il est vrai que les artefacts qui traversent le temps sont avant tout des réalités mémorielles, que ces différents personnages mentionnent d’innombrables vies antérieures, tandis que l’archéologie, en évoquant ce qui reste lorsque tout a disparu, suggère une sémantique de la dissimulation, de l’enfouissement et du dévoilement. C’est alors que l’on peut se demander si l’allusion à la statuaire ancienne n’est pas une façon d’affirmer, pour Virginie Hucher une essence originelle caractéristique de tous les êtres, une fois que les apparences sont surmontées. Le lien avec le fantastique, la fable ou la poésie se doublerait ainsi d’une allusion à la mythologie : un récit primordial est conté par ces personnages.
À mieux y regarder, ces figures statuaires ne sont pas sans rappeler le motif du mannequin ; celui que l’on habille, que l’on manipule et désarticule, celui qui reste assujetti au bon vouloir du modeleur de formes. Les crânes, imberbes et légèrement bombés, possèdent une réalité générique, de même que les corps, les visages, paraissent interchangeables. Les corps sont figés mais appellent à une mobilité imminente, comme s’ils étaient appelés à s’extraire, incessamment, de leur silence éternel. On songe alors à la figure du Golem, à l’être ou au corps qui, par excellence, s’inscrit dans le devenir et la puissance d’agir ; ce corps surtout qui, créé de toute pièce avec des matériaux frustres, canalise les tensions entre l’inerte et le vivant, l’artifice et la nature, la création et la procréation. Dans ces conditions, ces figures ne se disent rien en particulier, l’inaudible est bien réel. En revanche, ce qui transite entre elles relève du souffle infime que l’on prête à la vie. De fait, dans les peintures de Virginie Hucher, le sentiment de présence imperceptible, l’évocation de la statuaire antique et l’allusion au récit primordial interviennent non tant pour signifier des mondes qu’il s’agirait de révéler à nouveau, que pour saisir une réalité essentielle mais irrésolue, voire surnaturelle ; celle qui origine tous les êtres et leur confère la force de se mouvoir.
III. Solitudes
Dans l’une des séries de Virginie Hucher, un individu vêtu de blanc, la peau incolore, se détache de toile en toile d’un fond noir. Les bras sont absents. La posture et le jeu des regards, indolents et songeurs, rendent particulièrement prégnant le sentiment de solitude. Permutables et épurées, les apparences et les physionomies ne divulguent que peu de choses, comme si elles filtraient tout examen visuel, invitant l’observateur à traverser ces membranes de chair, de peinture, pour qu’il prenne la mesure de mondes intimes définitivement insaisissables.
En cela, tout se passe comme dans l’art du portrait, où les atours et les artifices qui habillent un individu ne comptent pas autant que les évocations subreptices de l’âme, de manière à prêter à une personnalité les traits qui la rendent singulière. Or, la solitude désigne aussi la faculté de se retrouver face à soi-même. C’est ce qui permet de dire, à l’échelle de l’œuvre de Virginie Hucher, qu’une trame d’ensemble subsiste afin de mettre en forme des dialogues entre l’identique et la différence, entre le soi et l’autre. Ces personnages abandonnés de toile en toile sont en effet les mêmes, mais leur isolement énigmatique empêche de statuer sur la nature exacte de leurs préoccupations. Si nul ne peut dire ce à quoi ils songent, c’est que toutes les interprétations et les manières d’être soi cohabitent en un même espace. Dans d’autres toiles de l’artiste, plusieurs personnages se composent mutuellement, offrant une vision de la similitude et de la répétition dès lors que l’on ne parvient pas à les ancrer, là aussi, dans une quelconque correspondance avec des individus réels. Chacun d’eux finit par ressembler à ce qu’il est préalablement, la notion de portrait est éconduite, d’où un questionnement fondamental : de quels personnages ces corps sont-ils la représentation ? Seuls, mais plusieurs en même temps, ces corps et ces personnages identiques semblent dire que la
solitude se partage, qu’elle s’accomplit au contact de ses semblables, fût-ce avec une projection abstraite de soi-même, comme à l’aide d’un miroir. C’est alors que l’on peut souligner le caractère éminemment androgyne de ces visages ; les voilà marqués par l’indécis et l’hésitant qui s’expriment profondément au-delà de la chair, contournant l’identité une et immuable, de manière à toucher une essence variable. Le masculin ne s’oppose plus au féminin, chacun se compose de l’autre, de même que les définitions extérieures qui commandent les genres et les types sont mises de côté : l’être n’est pas l’un ou l’autre, il est à la fois l’un et l’autre.
Dans les peintures de Virginie Hucher, la figure de l’androgyne agit donc de façon à laisser cohabiter des réalités réputées contraires, de même qu’elle ne constitue pas une figure en soi, ferme et inaltérable, mais un espace latent, sillonné par des possibles et des virtualités. Le caractère inachevé de certains éléments venus habiter ces toiles confirme cette impression de potentialité. Les fragments de corps, les mains qui naviguent dans les airs ou ces perspectives incomplètes, qui dessinent des espaces irréels, induisent une forme de suspension, d’attente, à l’égard d’un événement prochain, comme si une réalité imminente allait surgir. Le temps parait s’étirer, le voilà saisi entre deux pôles qui manifesteraient une multitude de variations intermédiaires, infimes mais réelles, éludant les déterminations par trop binaires au profit d’une métaphysique sensible où ce qui prime est la multiplicité de l’être. L’idée de représentation serait donc contredite, dans la mesure où l’acte consistant à traduire linéairement une réalité en une autre constitue une forme de détermination qui prendrait le risque d’ignorer la nature diffuse et volubile des choses. Ici, nulle détermination mais des allants et des mouvements, des échanges et des changements. Tout corps a besoin d’un autre disions-nous, de même qu’aucune solitude n’est véritablement dépeuplée. Ces personnages ne représentent donc aucun individu en particulier, car il leur aurait fallu, pour cela, choisir entre le masculin et le féminin, se rendre à une extrémité du
spectre des possibles et s’y tenir immobile. Les corps qu’ils empruntent ne sont jamais des destinations ultimes, ils sont plutôt des contenants facilitant des trajectoires complexes ; ce qui transite à travers eux relève bien d’un impondérable : force, énergie, désir, c’est-à-dire de ces impulsions qui ne possèdent ni forme ni contour.
Au final, si la pratique de Virginie Hucher se compose ainsi de plusieurs strates, aussi est-ce en raison de la singularité de sa perception du monde, du réel, d’une mécanique indéfinissable qui puise dans les contrariétés des motifs permettant de concevoir le multiple en toute chose. C’est bien le corps qui canalise de tels motifs, mais le plus étonnant, somme toute, apparait lorsque l’on se rend compte qu’il n’est que le point d’entrée à des prospections de l’ordre du paysage mental et de l’imaginaire. Une certaine réussite accompagne ce travail, maintenant qu’il donne à percevoir, avec l’allant d’une recherche formelle, l’autre, notre prochain, dans ses intrications existentielles, mais surtout, dans sa proximité avec nous-même.
The movement of the body through the art of dance (2019)
The paintings that Virginie Hucher is presenting at the Galerie des jours de Lune is a continuation of a series begun in 2014. Named ‘Le Corps chorégraphié’, it foresees a more formal research into the body and its capacity to develop through the art of dance a variety of partially geometric arrangements and designs.
On this occasion, the first feeling that accompanies the observation of these paintings is one of stillness and stability. From one painting to another, a variety of coloured shapes and forms create an idea of balance. The limited number of colours - generally three or four - produces a contrast between the different shapes, as does the nearly identical distribution of the coloured forms and shapes create an idea of unity. The result is well proportioned and harmonious. The compositions give one the opportunity to reflect on what is the reality of what one is seeing, whilst being engaged in deep meditative thought. In these works, incomplete shapes bring structure to a deserted and mysterious landscape where their polygonal patterns form simplified arrangements that, when viewed from above, resemble a map. Sometimes, in order to create an impression of volume or perspective, an outlined dark mass appears in the lower part of a painting. In conjunction with a much paler form above, it becomes similar to that of a pedestal underlining a notion of stability that exists in statuary art. No evidence of the representation of a physical body exists or at least of human appearance.
It is now then that importance must be given to the process of abstraction carried out by Virginie Hucher. A form of body is indeed present, but just represented differently. Figures created from a formal research, where imitation, resemblance and identification would take place, would make no sense. Firstly, because the rejection of human-like features underlines an approach where the body appears to be shapeless and balanced, as if it were still to be developed. This is what gives it a potency and the capacity to become and exist. Secondly, because by creating outlined coloured shapes that are distinct from one another, Virginie Hucher’s different compositions constantly demonstrate a broken up reality where one is tempted to distinguish several distinct bodies. However, by coexisting in an independent and balanced way, almost in the manner of an organised dance, these bodies end up having a united energy, a multipotential body that has the capacity of being both of one and many existences.
Consequently, these entities are not positioned due to the fact that they seem to be taking part in a cheerful assembly of ballet swirls and leaps, but because they are part of an interdependent endeavour. The body in movement (‘Le corps chorégraphié’) is indeed dancing alone, probably experiencing the unlikeable changes of its existence, but also of how it appears and that it hopes to change, in order to become a better version of what it already is. Moreover, these entities in movement describe a very essential base within Virginie Hucher’s work. The artist notably develops understanding in that field, particularly though, in a much more figurative manner, for the series ‘Le Corps et l’autre’, which also demands an expression of what living beings be, what makes them wanting and sometimes feel alone. We understand, in the end, that Virginie Hucher’s entire artistic output rests in an exploration of shapes and forms. Whether in abstract form or figurative form, the painter’s work certifies an all-consuming passion for shapes that fit well with each other and colours that complement each other, for the overall visual statement but also the underlying stimulation of the senses.
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The body when in communication with another human body (2018)
I. Closeness and association
Bodies that twist and bend, that adapt to each other or oppose one another. Eyes that connect or disconnect. Movements that progress enthusiastically together but that are suddenly interrupted, refusing all contact with the hands and skin that they once touched. IPerhaps in the same way these characters come in contact with one another for reasons unknown, as if their initial intention had been dismissed, broken or frozen. It is definitively a reference to closeness and association. In Virginie Hucher’s, in particular, painting practice, everything seems to originate with her attention that she pays to the infinitely small and delicate interactions where beings seem to copy each other's movements. This of course is in a physical way, when the bodies seem to, in these paintings, support and comfort each other, but also in a more secret, intellectual or spiritual manner, where the necks bend, the heads nod and the eyes look into space.
We can then observe that as it is as if, they have been slowed down or subjected to a meditative dream in which these characters seem overcome by a form of weariness. In order to achieve the needs of a particular inner thinking, not only directed inwards but also outwards, they give the impression that they intend to continue this way constantly. We understand that her intentions are abstract, similar to an echo, a need that does not manage to put an end to the uncertainties. Not knowing, as Spinoza wrote, what the body can do, or what it aspires to do through its need for search for another body, the inconclusive nature of these exchanges do, however, underline a deep sense of ambiguity : the sensation of what we set off in someone else’s body, when we touch them, echoes the one we experience when they touch us. Bodies have an effect on each other, which is made evident in the case of physical contact but also, as Virginie Hucher demonstrates through her work, when the connection is one of no consequence.
The figures and decorative motives underline a need to highlight an aesthetic where human bodies could play a central role. As we understand the uncertain nature of touch, we realise that the body never acts of its own accord. In many ways, the body only exists when connecting with another body in the same environment. We could say then that the body acts as a communicator with a particular position, remembering that to position oneself in the first place, it is necessary to have a pointer to find that position. In this respect, all bodies need to interact, which explains he simplicity with which the bodies have been shown. Painted in pale, almost spectral colours, they all look very much the same, as if to say that what matters is not so much the accuracy of the lines encompassing them but the gaps and spaces into which they have been introduced. Some of the bodies appear to have been partly compressed into geometric shapes, others seem to have been cut off by the edge of the canvas which develops an imaginary sense of confinement. All the more so, as the backgrounds are dark and contrasted with the light nuances of the flesh and clothing, producing a moon-like atmosphere. The spaces and gaps created between the bodies offer the idea of whispering and hidden conversations, similar to the way energy fields communicate. Could that mean that bodies are capable of transmitting an energy ? Perhaps it is even one of its clearest realisations ? If it is the main subject of Virginie Hucher’s work, a body only truly exists as a body when it contradicts itself opening itself to movement and existing only in the presence of another body, renouncing all forms of stillness, ultimately becoming opposite to what it is.
II. Archeology
The different body forms portrayed by Virginie Hucher have smooth skin and thin faces. They have little expression and their colour is very pale. Their solemn movements are ceremonious. We could be tempted to compare these body forms with ancient statues of which only the bodies have been conserved, not the faces. In order to mark their presence with movement rather than a solid mass, they let go all forms of weight and density, outlined only by a ghostlike mark. If sculptures can be considered as still bodies that can be touched, creating an immediate connection with reality, here, the paintings encourage a questioning of one's feelings and imagination. In fact, Virginie Hucher’s body seems to exist somewhere between reality and imagination. Their postures are not entirely realistic : their necks are long and twisted, their structures are elongated. This reality gap suggests that the body forms have to say, can not only be understood, through their facial expressions. Against what is visible, something occurs beyond what you are seeing in the paintings, asking us to explore our inner selves rather than just regarding outward appearances. As suggested by the portrayal of half closed eyes, eyes that close partially when a whispered secret, their meditative demeanours appear to be asleep, requiring a certain contemplation.
Virginie Hucher's compositions have an archaeological influence due to being akin to traditional sculpture techniques. These ageless sculptural bodies, referring to forgotten times, seem to bear indications of the past that need to be revived. Objects from the past are a way to preserve the past, the same way her body forms seem to evoke countless previous body forms. Archeology, on the other hand, studies the meaning of change and displacement, discovery and research of burial sites by examining what remains rather than what has disappeared. We then wonder if the reference to ancient statuary techniques is not a way for Virginie Hucher to confirm the basic nature within all things once all outward forms have been excluded. Her body forms are showing a fundamental story, a link with fantasy, fable or poetry would be combined with reference to mythology.
On a closer look, these statuary figures remind one of mannequins : ones that we dress, manipulate and disjoint, that remain objects subjected to the good will of the maker. Just like the bodies and faces appear interchangeable, the hairless and dome-like heads bare a collective sameness. The bodies are still but call for an imminent movement, as if they were being asked to emerge from their eternal silence. The mythical figure of the Golem comes to mind : a figure artificially constructed with crude materials and endowed with life, utilising the tensions between the inanimate and the animate, the artificial and the natural, the procedures of creation and procreation. Constricted by these conditions, the bodily forms are unable to exchange anything in particular that has meaning. What is clearly being conveyed between them however, is the breath of life. Indeed, in Virginie Hucher’s paintings, the feeling of an invisible presence, the reference to ancient statuary and mythology insinuate not so much the need to reveal the past than to grasp an essential yet unresolved, even an unearthly reality : one from which all beings originate and come to life.
III. Loneliness
In one of Virginie Hucher's series, several body forms dressed in white with translucent skin stand out against a dark background. Their arms are missing ; their posture and interplay of pensive and painless glances, communicate a significant feeling of loneliness. Stark and interchangeable, their physical appearances reveal little, as if brushing off all forms of visual examination, preferring to invite the observer to read through their skin of paint, in order to grasp the elusive character of their intimate lives.
Simarlay everything resembles what happens in the art of portraiture, where the garments and accessories which adorn an individual whose personality defines him or her from another, do not count as much as the elusive summonings of the sitter’s spirit. That being said, loneliness also refers to the ability to face up to oneself. This enables one to say that, in Virginie Hucher’s work, there is an overall framework that allows ongoing conversations about the sameness and differences between individuals portrayed together. These seemingly lost body forms are in fact the same. However by being isolated from each other in one painting, they prevent us from understanding the exact nature of their perceptions. If one cannot tell what they are thinking about, it is because all possible understanding and possible behaviour patterns are existing in the same space. In other paintings by the artist, several body forms are mutually composed, offering a view of similarity and repetition because they bear no comparison with human individuals. Each body form ends up regaining the same shape and form rejecting the idea of any form of portrait, in the process. Thereby asking a fundamental question : what or who are they meaning to represent ? Alone, but also within a group, these identical bodies seem to convey that loneliness is a shared state of being that comes about by an abstract idea of oneself as in a mirror image as if being in contact with another. At this point, their obviously androgynous faces need also to be understood. They are marked by indecision and hesitation which they express far beyond their bodily language : in the process of bypassing the idea of a single and undeniable identity, in order to reveal the plurality of their state of being. Masculinity is no longer the opposite femininity, each becomes part of the other. The normal idea of gender is put aside, a living being is not one or the other, it is both masculine and feminine.
The androgynous figure inhabits Virginie Hucher’s paintings in order to allow two distinct truths to coexist. It does not represent the only imaginable figure but an obscure space filled with opportunities. The unfinished nature or certain components that inhabit her paintings, confirm this idea. The body pieces, the hands that move through the air and the unfinished perspectives that announce imaginary spaces, introduce a feeling of expectancy before an upcoming event. Time seems to pause, caught in a space between two extremities filled with multiple variations, avoiding dual assumptions in favour of a more sensitive ideology, one that recognises the multiplicity and complexity of being. Any form of realism would therefore not be viable as the act of reproducing one reality and then translating it into another. It would risk ignoring the scattered and rotating nature of all things. Here nothing is predetermined and static, only movement and exchanges. Everybody needs another body to connect with but loneliness is not about being alone. The body forms that are represented, do not resemble anyone in particular, because to do so, they would have to have chosen between the masculine and the feminine representation, to have travelled to one end of this spectrum and stayed there. The bodies they inhabit are never final creative ends, they are the means by which complex reasonings are contained : the motivations of strength, energy, desire, that moves through them are not foreseen.
In the end, if Virginie Hucher’s artwork is composed of several meanings, it is due to her individual perception of the world that surrounds her, of a nondescript way of thinking which draws on contradictions that make it possible to understand the plurality in all things. It is indeed the body that is used for such reasoning, but the most astonishing thing is when we realise that it is only the gateway that’s open to the intellectual and imaginary existence of her work. A successful understanding accompanies this work. Its formal research allows us to have an idea of others who are occupied in their personal experiences of their arrangement in close proximity to ours.